Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 15:28
Au collège Chape de Marseille, Michel Pautot avec Madame la principale Patricia Rolland. (Photo : Légisport)

Au collège Chape de Marseille, Michel Pautot avec Madame la principale Patricia Rolland. (Photo : Légisport)

Dans le n° 166 de Légisport consacré au sport à l'école, Maître Michel Pautot, docteur en droit et avocat au barreau de Marseille, publie notamment un entretien instructif avec Patricia Rolland, principale du collège Chape à Marseille.

«Très souvent, je consulte le professeur d'EPS avant de prendre une décision afin de connaître leur avis sur la manière dont se comporte cet élève au sein d'un groupe et comment il respecte les règles communes», explique Patricia Rolland, principale du collège Chape à Marseille depuis 2020, qui mentionne la casquette un peu particulière du prof d'EPS, car il «pren(d) en charge les élèves dans une dimension très globale qui inclut la notion d'effort et de dépassement de soi».

«L'enseignement de l'EPS n'est pas moins important que l'enseignement des mathématiques ou du français», déclaraient par ailleurs les députés Stéphane Mazars et Stéphane Peu dans le rapport d'information qu'ils ont déposé le 5 juillet 2023 à l'Assemblée nationale.

Le nombre d'heures de sport à l'école est-il suffisant ?

Alors qu'environ la moitié des élèves ne pratiquent pas d'APS en dehors de l'école, faut-il «relever l'horaire hebdomadaire (d'EPS) à 4 heures pour l'école primaire, la 5e la 4e et la 3e, et à 3 heures pour le lycée» ? C'est en tout cas la proposition de longue date du SNEP-FSU.

«Il est indéniable que le sport scolaire contribue à l'éducation, à la santé, à la citoyenneté et à la réduction des inégalités», souligne Patricia Rolland.

Et si, comme le suggèrent les deux rapporteurs, «le développement de la pratique sportive, axe majeur de l'héritage olympique, pass(ait) d'abord part l'école» ? 

Partager cet article
Repost0
5 mars 2024 2 05 /03 /mars /2024 19:08
Les Belges Saïdon et Filco (LCB), vainqueurs du 2 vs 2 break confirmé. (Photo : Martin Kubiak)

Les Belges Saïdon et Filco (LCB), vainqueurs du 2 vs 2 break confirmé. (Photo : Martin Kubiak)

Et dire que même Youval, «le meilleur speaker de battle au monde», était là... Ce samedi 2 mars, au gymnase Maurice-Baquet, a eu lieu la 3e édition du Talange Hip-Hop Contest. Une cuvée particulière pour cet évènement qui se veut «underground» puisqu'en cette année olympique, le breakdance fera pour la première fois son apparition aux JO de Paris en tant que sport additionnel.

19h54. Survêt Lidl, lunettes de soleil bleues, Jordan 7 aux pieds, Sadat Sekkoum, l'un des deux speakers, lance la soirée avec une touche de swag inégalée... Et passe le mic à «Fanfan». «Aujourd'hui, l'objectif, c'est d'offrir une scène ouverte à cette discipline olympique qui, j'en suis sûre, fera des petits...», glisse Françoise Vacchiano, la directrice du Centre laïque talangeois d'éducation permanente (CLTEP). O. K., il y a encore pas mal de petites choses à régler, mais la dynamique, elle, est à coup sûr enclenchée. Bahwai, bahwai...

  • J'AI AIMÉ

- Les anciens, garants des valeurs, font de la résistance, et les générations qui se mélangent

Juge du Talange Hip-Hop Contest (THC) en 2023, Lokos (Sébastien Vela Lopez, Compagnie Mira / Faccrew, Strasbourg) n'a pas hésité à s'inscrire cette année au battle 2 vs 2 break confirmé avec Karim (Karim Barbouchi, Compagnie Boogie Style, Haguenau). Autant dire, deux anciens qui approchent maintenant de la cinquantaine... et qui n'ont plus rien à prouver. Mais qui sont juste là pour kiffer, montrer l'exemple, transmettre le témoin et les valeurs qui vont avec. Sortis des qualifs, ils se retrouvent opposés en quarts de finale (20h30) à Lion et Matwo, les jeunes loups de Footzbeul (Reims). Opposition claire entre old school et new school. Et ce sont les anciens qui ont réussi à créer cette atmosphère si particulière qui veut qu'en battle, on n'est pas là pour rigoler, mais pour «rentrer dedans», «défoncer» ceux qui sont en face. L'énergie était là. On a aussi aimé l'audace de Karim qui a sauté au-dessus de Lion alors que ce dernier réalisait un tricks... Tout comme son Kamé Hamé Ha façon Dragon Ball Z avec sa perruque jaune pour introduire le passage de Lokos. Le battle fut très, très engagé. S'est soldé par une égalité. Avant que Lion ne fasse la différence sur le passage supplémentaire. Mais les «vieux» n'ont surtout pas à rougir de cette défaite. Big up aussi à Tony B (WBB, Troyes) qu'on a revu danser après toutes ces années. Le clin d'œil à Jean-Marc (JM pour les intimes, Tomblaine City Breakers, TCB), l'un des précurseurs du smurf dans le coin dans les années 80, et qui a pu claquer sa petite démo en t-shirt croco, ainsi qu'aux coachs-formateurs de la danse hip-hop était aussi sympa. Bref, on a aimé ce savant mélange des générations entre jeunes et anciens : preuve que old school, middle school et new school peuvent vivre, se côtoyer et coexister ensemble, sans problème.

- La qualité de la sono : perfecto !

Samedi soir, on s'est fait clasher pour ça en live à la suite de notre remarque de l'année dernière. En effet, au THC #2, la sono saturait rapidement. Affaire classée. Là, le bon matos permettait de cracher du bon son. Aux speakers d'être audibles aussi. Honnêtement, ça change la vie. Merci pour nos oreilles et celles du public !

- Pas d'arrangement possible au niveau du tirage au sort

22h26, Youval propose à Sadat de changer les demi-finales du all style. En effet, il s'avère que Yes'in (Yassine Barbouchi) est tombé dans la 1re demie contre l'Allemande Alex Limmer, qui fait partie du même crew que lui, la DanceEmotion Academy (Fribourg-en-Brisgau) – l'autre demie doit voir s'opposer Ssimka (Les Alchimistes, Nancy) vs Chaïma (Collectif Porte-Avions, Besançon). Refus catégorique de Sadat, qui se montre intransigeant : «Non, non, le tirage, c'est le tirage ! On ne va pas commencer comme ça, on laisse tel quel !»

- La pépite : b-boy Buch (Faccrew, Strasbourg) 

Révélation et winner du battle de Chalon-sur-Saône kidz 2 vs 2 en février avec Ziya Flex, Buch (Faccrew) a pour ainsi dire «vengé» sa collègue (éliminée en quarts par b-boy Loterie) en s'imposant lors du battle 1 vs 1 kidz contre... ce fameux Loterie (Sky Crew) dans une finale 100 % strasbourgeoise. On a aimé ce que Buch, petit b-boy à lunettes aux faux airs de Julien Beats, dégageait : son petit côté showman, une identité qui lui est propre, l'originalité de ses moves, son chambrage aussi comme lorsqu'il s'est mis à faire la quête avec sa casquette après le passage de son adversaire (Moïse). Du talent à revendre !   

- La revanche entre les tauliers du all style : Ssimka vs Yes'in  

Des années qu'on les voit ferrailler sur tous les principaux events du Grand Est... Ssimka (Les Alchimistes, Nancy) et Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau/DanceEmotion Academy, Fribourg-en-Brisgau) sont des danseurs bien connus de la Grande Région, ce sont des «blazes» comme on dit dans le jargon. Pas étonnant, donc, de les revoir en finale du 1 vs 1 all style. Le Mahorais Ssimka est le double tenant titre du «THC», Yes'in, le finaliste de la dernière édition. Y a de la revanche dans l'air... Ils ont deux passages pour se départager : chacun dans son style s'approprie «Shon Shine» de Sault, puis un remix du classique de Françoise Hardy... «C'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure...» Ah, c'est beau, c'est doux, ça groove sec ! Yes'in l'emporte (2 voix pour, 1 égalité)... Mais franchement, c'est avant tout la danse qui sort vainqueure dans ce genre de confrontation.

Au terme d'un beau battle contre Ssimka, Yes'in a remporté pour la 1re fois le 1 vs 1 all style du THC. (Photo : Martin Kubiak)

Au terme d'un beau battle contre Ssimka, Yes'in a remporté pour la 1re fois le 1 vs 1 all style du THC. (Photo : Martin Kubiak)

  • J'AI MOINS AIMÉ...

- Aucune démo des juges lors de la phase finale

Cette année, l'orga avait choisi un nouveau format, censé mieux cadrer la plage horaire de l'évènement, (car il avait sacrément débordé lors des deux précédentes éditions). Des qualifs pour les danseurs qui débutent à 15h, une ouverture des portes pour le public fixée à 19h (à l'occasion de la phase finale : top 8 dans chaque catégorie, voire même top 9 pour le 2 vs 2 break confirmé avec l'armageddon). Une fin théorique du THC vers 23h-23h30. Mais la question qu'on se pose est la suivante : était-ce un choix délibéré de l'orga de se passer de la démo des juges lors de la phase finale ? L'objectif était-il de gagner du temps ? Toujours est-il que nous priver de ces moments «Nutella» vu le casting présent (juges break : Ismaël, Lawson et Missa / juges all style : Nouna, Vink et Joël Brown), c'est, de notre point de vue, sacrément dommage ! Heureusement qu'on a eu droit à une démo de voguing de Youval sur du Mob Deep (The Learning). Le père Sadat a lui déclaré forfait. Motif invoqué : des Jordan 7 noires aux pieds qui valent une blinde, faut pas déconner, TMTC !

- L'indiscipline «chronique»

Un «petit» qui débarque sur le floor en plein battle, d'autres qui se baladent, gesticulent à droite, à gauche pendant toute la soirée (ça s'amusait bien sur le matelas Dima de gym derrière la scène...). Des juges qui manquent à l'appel et qui se font attendre de longues, très longues minutes (on a hâte de voir l'interview d'Ismaël sur Balatom TV)... Ce sont des petits détails qui n'ont l'air de rien mais qui, mis bout à bout, «gavent» et sont susceptibles de faire décrocher le public. Dans ces conditions, après, difficile de gagner sa course contre la montre (l'impression d'être tout le temps en speed), et, surtout, de garder la vibe...

B-boy Buch (Faccrew, Strasbourg), très prometteur, vainqueur du battle 1 vs 1 kidz. (Photo : Martin Kubiak)

B-boy Buch (Faccrew, Strasbourg), très prometteur, vainqueur du battle 1 vs 1 kidz. (Photo : Martin Kubiak)

- La crème de la crème du breakdance, vraiment ?

Le Républicain lorrain, tout comme Sadat Sekkoum, l'un des deux speakers avec Youval, avaient annoncé «la crème de la crème» du breakdance à Talange. Attention, qu'on se le dise, on ne veut surtout pas «casser» cet event qui n'a que 3 ans d'existence et qui ne demande, en définitive, qu'à être pérennisé et grandir au fil des années. Ni les bonnes volontés qui œuvrent à sa tenue. Mais la street credibility, c'est aussi ça : être juste, objectif, dire la vérité. On comprend bien qu'il faut faire monter la sauce, vendre sa compétition internationale de danses urbaines du mieux possible... D'ailleurs, le THC #3 est un évènement qui tend à s'inscrire comme le 1er rendez-vous de l'année de danse hip-hop en Moselle. Bueno ! Ce samedi, il y avait de très bons b-boys de la Grande Région, pros ou amateurs, qui figuraient dans le top 9 : Filco et Saïdon (LCB, Liège), Rateb et Zulu Wail (Funky Belgian'Z, Bruxelles), Lokos (Compagnie Mira / Faccrew, Strasbourg) et Karim (Compagnie Boogie Style, Haguenau), Lion et Matwo (Footzbeul, Reims), Holy Chill et Below (Chilly Freez, Strasbourg/Metz/USA lol), Djily et Gasy (The Forgottens, Mayotte/Besançon), Ssimka et Aniss (Les Alchimistes/Mixité, Nancy/Metz), Maiky et Kenzo (Génération Z, Metz/Avignon), Tony B et Gosso (WBB, Troyes). Mais bon, faut pas exagérer non plus, ce n'était quand même pas le Red Bull BC One avec Dany Dann ou Khalil, le truc !

- Où sont passés les stands de vêtements et le coiffeur ?

Lors des deux premières éditions, il y avait de la sape hip-hop en vente (genre les chaussettes Equality de Johan Monteiro) et même un coiffeur/barbier du coin, qui faisait des coupes hyper-stylées sur place. C'était plutôt original. Là, rien, wallou (allez si, heureusement les gaufres, boissons et sandwichs à l'entrée). On connaît la difficulté d'attirer des boutiques, on nous dira aussi certainement que cet espace un peu vide était réservé pour le chill, afin que les danseurs puissent bouger dans la salle de leur côté, mais bon...

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Le récap' des vainqueurs de l'édition 2024 du Talange Hip-Hop Contest (THC) :

2 vs 2 break confirmé : Saïdon et Filco (LCB, Liège) battent Rateb et Zulu Wail (Funky Belgian'Z, Bruxelles)

1 vs 1 all style : Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau/DanceEmotion Academy, Fribourg-en-Brisgau) bat Ssimka (Les Alchimistes, Nancy) 

1 vs 1 kidz (- de 16 ans) : Buch (Faccrew, Strasbourg) bat Loterie (Sky Crew, Strasbourg)

Talange Hip-Hop Contest #3 : «C'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure...»

Pour en savoir plus : 

- Talange Hip-Hop Contest #3 : photos de KuMa (1) (2) (Martin Kubiak) ou  

- Talange Hip-Hop Contest : cœur ❤️ sur vous ! (article)

- Talange Hip-Hop Contest #2 : le «j'aime» / «j'aime pas» d'Isma (article)

Les principaux évènements de danse hip-hop à venir dans le Grand Est :

- Dimanche 24 mars 2024 à Sedan : Urban Tracks - Battle break 2 vs 2 (Facebook)

- Samedi 30 mars 2024 à Florange : Championnat de France de Breaking 2024 - Grand Est (Facebook) 

- Samedi 6 avril 2024 à Luxembourg : Battle «On S'en Fish» #7 (infos) 

- Samedi 20 avril 2024 à Yutz : Battle Mix (Facebook)

- Samedi 27 avril 2024 à Bertrange (Luxembourg) : BE Breaking Contest #2 (Facebook)

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 15:22
Michel Pautot posant aux côtés des les Phryges, les mascottes officielles des JO. (Photo : DR)

Michel Pautot posant aux côtés des les Phryges, les mascottes officielles des JO. (Photo : DR)

Dans le dernier numéro de Légisport (janvier-février 2024, n° 165), Michel Pautot, docteur en droit et avocat au barreau de Marseille présente «le travail effectué par les pouvoirs publics et le monde sportif pour permettre la réalisation et la réussite des Jeux» olympiques et paralympiques de Paris 2024. 

 Deux lois, définissant les missions et les objectifs imposés, ont ainsi été nécessaires pour la réussite des JO de Paris : 

- La première, en 2018, vise notamment «à assouplir les règles d'urbanisme» pour «créer des sites sur lesquels les jeux pourront se déployer», comme l'a précisé Sophie Dion, avocate et ancienne conseillère sport du président Nicolas Sarkozy à La Semaine juridique.

- La seconde, en 2023, comprend elle diverses autres dispositions, autrement dit des mesures complémentaires sur les thèmes de la santé, du dopage, la sécurité et même du repos dominical.

 «Les JO doivent être un symbole d'espoir en ces temps troublés (NDLR : guerre en Ukraine, Gaza, crises économique, sanitaire, migratoire, etc.)», écrit Michel Pautot. 

«2024 restera comme une année exceptionnelle pour la France et le sport», prédit-il.

Aujourd'hui, on est à moins de 200 jours des JO. Les noms des personnalités qui porteront la flamme olympique en France commencent à être connus. Bref, cela va arriver plus vite qu'on ne le croit... Sentez-vous déjà ce feu sacré monter en vous ?

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 09:55
Maître Michel Pautot. (Photo :  DR)

Maître Michel Pautot. (Photo : DR)

Vingt ans après l'arrêt Malaja (2002), prolongement du fameux arrêt Bosman (1995), «la mondialisation avec l'immigration des joueurs est partout», écrit Maître Michel Pautot qui relate dans sa dernière étude «Sport et Nationalités» l'évolution du recrutement des joueurs étrangers dans le sport professionnel.

Et si l'internationalisation était la clé du succès ? C'est la question que pose, en filigrane, Michel Pautot, Européen convaincu et partisan d'un sport sans frontières, dans son dernier numéro de Légisport (n° 163) intitulé «21e étude Sport et Nationalités – L'échappée mondiale !».

Manchester City et ses pétrodollars, a ainsi soulevé la dernière Ligue des champions mais avec une vraie identité de jeu «guardiolienne» basée sur le jeu de possession. Malgré une ossature quasi «européenne», Pep n'a aligné que 2 Anglais (Stones et Grealish) dans son onze de départ au coup d'envoi de la finale contre l'Inter Milan.  

De nos jours, les clubs européens qui comptent dans leurs effectifs de très nombreux joueurs étrangers deviennent, selon Michel Pautot, de «mini-Assemblées des Nations unies». Autrement dit, des équipes de plus en plus cosmopolites, composées d'un arc-en-ciel de nationalités. 

S'expatrier pour gagner 

Le Mondial-2022 au Qatar, a lui aussi confirmé le succès des migrations des joueurs en Europe : l'Argentine, championne du monde, a, par exemple, aligné en finale des joueurs provenant de 5 championnats européens différents. Au sein du onze de départ de la France lors de cette même finale, il y avait 10 joueurs expatriés... Seul Kylian Mbappé évoluait en Ligue 1 ! Le Maroc, équipe surprise de la compétition, a entamé le match pour la 3e place contre la Croatie avec des joueurs évoluant dans 7 championnats européens différents.

Pour le célèbre avocat marseillais, qui passe globalement en revue dans son étude le football, le rugby, le cyclisme (Tour de France), le handball et le volley, «la formation n'est pas antinomique avec la mondialisation. Opposer les deux notions ne semble pas opportun, car rien n'interdit de former des joueurs nationaux et de recruter des joueurs étrangers». 

Avant de conclure : «La représentation et la composition des équipes professionnelles ont profondément modifié la structure des équipes puisque nous sommes aujourd'hui au stade ultime de la mondialisation du sport». Avec la consécration, pour le meilleur et pour le pire, de l'emprise de l'argent sur l'espace économique ?

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 23:47
Denis Masseglia. (Photo : CNOSF)

Denis Masseglia. (Photo : CNOSF)

Dans le dernier numéro de Légisport (mai-juin 2023), Maître Michel Pautot s'attache à décrypter «comment l'État (français) a maîtrisé le sport !».

«À partir de cette date (NDLR : les années 1960*), le système sportif est devenu de plus en plus étatique. Il était jusqu'à peu sous tutelle. Quand on sait la signification du mot tutelle, on comprend mieux le lien de dépendance. Après, nous sommes évidemment en partie responsables de la situation», souffle Denis Masseglia, ancien président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF, 2009-2021).

Et d'étayer son propos : «Le mouvement sportif n'a pas su décider de son autonomie (...) Nous avons laissé faire nos gouvernants décider de l'organisation et du fonctionnement du sport.»

Résultat, «avec les dernières lois sur le respect des principes de la République, ou celle visant à démocratiser le sport, c'est aujourd'hui une nouvelle ambition française de gouverner le sport», note Maître Michel Pautot à la fin de son édito.

* En 1960, les athlètes français reviennent des JO de Rome sans aucune médaille d'or (5 médailles dans 4 sports – 2 en argent, 3 en bronze). Une humiliation. Cela constitue le point de départ du sport français (via un grand plan nation d'éducation au sport et d'équipements), comme le souligne justement un bel article de L'Express sur le sujet, qui rappelle dans le même temps cette célèbre citation du général De Gaulle : «Si la France brille à l’étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner par ses sportifs. Un pays doit être grand par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait concevoir cette jeunesse sans un idéal sportif.»

Pour en savoir plus :

- Audition à l'Assemblée nationale de M. Denis Masseglia, sur les relations entre le mouvement sportif et l'État - Mercredi 9 octobre 2013 (vidéo)

En collaboration avec Pascal Boniface, Denis Masseglia a écrit l'ouvrage «Le sport, c'est bien plus que du sport !» (2013).

En collaboration avec Pascal Boniface, Denis Masseglia a écrit l'ouvrage «Le sport, c'est bien plus que du sport !» (2013).

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 08:52
Fausse Timide et Boustesse, vainqueure de la catégorie house dance, accompagnées des juges et de Dimey. (Photo : wemakeyoushine.lu)

Fausse Timide et Boustesse, vainqueure de la catégorie house dance, accompagnées des juges et de Dimey. (Photo : wemakeyoushine.lu)

De la vibe, du son et du kif, mais aussi quelques couacs... Voilà, à nos yeux, ce que l'on retiendra de la 7e édition du battle «On S'en Fish», qui s'est déroulée dimanche aux Rotondes de Luxembourg, dans le cadre du festival Block Party visant à célébrer les 50 ans de la culture hip-hop. Allez, comme dirait DJ Pablo, «let's go» !

  • J'AI AIMÉ...

- La démo à 3 des juges (Salomon, Mavinga et Ruth Prim). À chaque édition, et c'est tout à son mérite, l'ASBL Knowedge arrive à attirer de gros poissons, autrement dit des juges du top niveau mondial. Salomon (Legion X et Freemindz, Paris), Mavinga (L-ien'Z Crew & Reloaded et One Nation, Liège) et Ruth Prim (Barcelone) ne sont pas n'importe qui dans le milieu de la danse hip-hop. Des pointures avec un niveau de déglingo. Leurs démos seuls puis à 3, étaient, comment dire, «sexy chocolat» ! On a surtout aimé ces connexions qui se créent sur l'instant. Mais cette démo, c'était aussi l'occasion de se rappeler que l'une des jurés (Mavinga) avait déjà une histoire avec le Luxembourg... Participante du GC Battle III en 2016 (avec Girl Grichka), puis promue juge l'année suivante, Samantha Mavinga a depuis pris son envol : la Belge d'origine congolaise est notamment devenue la première femme à avoir remporté le House Dance Forever (Winter Edition) en 2020. Oui, comme nous glissera un petit dans le public dans le feu de l'action, «elle en a claqué des gens». A même eu l'occasion de se produire pour Timbaland et Rihanna. Rien que ça ! Mais «Sam» n'a pas oublié pour autant d'où elle vient... La preuve, elle nous a gratifié de magnifiques figures de «break», la discipline par laquelle cette b-girl au mental d'acier a démarré la danse. Ça en a surpris plus d'un et fait kiffer pas mal de monde ! Cela montre en tout cas toute l'étendue de son talent et, perso, ça change de certains house danceurs assez réticents à aller au sol...

- Le coup de cœur : Fausse Timide (Sky Crew, Strasbourg). C'est bien connu, le talent n'attend pas le nombre des années... Éloïse (10 ans) aka Fausse Timide nous l'a encore prouvé (finaliste en house, quart de finaliste en musicolofish). Petite protégée des b-boys Hyacinthe et Shisha (Sky Crew), Fausse Timide était venue au battle avec Mélissa Baden, la fondatrice du Studio 116. Prise d'espace, technique, présence, fun attitude et sens du show (quand elle a notamment enfilé ses lunettes de soleil et s'est glissée dans la peau d'un personnage), Fausse Timide n'a nourri aucun complexe face à ses aînés. C'est une belle promesse pour l'avenir. Certains lui ont déjà donné rendez-vous dans dix ans au Paradiso d'Amsterdam...    

- L'ambiance de feu mise par les musiciens (Habama Brothers et Charel Geimer) lors du «musicolofish». Les frères Habibi et Amadu Couhl (Habama Brothers, Cologne, Allemagne), spécialisés dans les percussions, avaient déjà fait sensation lors de leur première venue au «On S'en Fish». C'était en 2017 au M-Club (NDLR : désormais «Chouchou») à Luxembourg-Hollerich. Ils avaient mis le feu et fait passer l'évènement dans une autre dimension. Partie remise cette année, pour les sympathiques frangins bodybuildés germano-ivoiriens accompagnés du batteur luxembourgeois Charel Geimer. Grosses caisses, caisses claires, cymbales, djembés... Tout y est passé. Pour le plus grand plaisir des danseurs (mais aussi des spectateurs) qui ont tenté de s'adapter, d'établir une connexion spéciale, empreinte de musicalité, avec eux. En réalité, ce feeling, cette énergie, c'est ce qui fait tout le charme et la magie de ce freestyle (qui peut donc mêler tous les styles : top rock, popping, house, break, lock, etc.) sur de la musique live (musicolofish), qui puise sûrement son inspiration dans le feu battle ArtisSick ou encore le Défipayette de Domshine. 

- La confirmation Instinct (ex-So Flacka, Luxembourg). Avec Hueco (qui a participé aux présélections du «On S'en Fish»), William Lopes aka Instinct (qui n'est autre qu'un des cousins de Franklin aka «The Wolf») fait partie des rares danseurs hip-hop luxembourgeois qui se déplacent régulièrement à l'international. C'est-à dire qui vont fourbir leurs armes, chercher de l'adversité et acquérir de l'expérience dans des battles de la Grande Région. Ça mérite d'être souligné. Vainqueur l'an passé de la catégorie hip-hop, Instinct a cette année écarté successivement de sa route l'Allemand Tef (en 1/4), puis son pote Alfa (Blackpows, en 1/2). Mais il s'est heurté à un mur en finale, Christopher aka Baloo The Cage (Charleroi, Belgique), danseur reconnu et respecté pour son groove et sa hype, présent dans le game underground belge depuis... 2006. Sûr qu'Instinct reviendra revanchard l'année prochaine.

- La position «fishée» de Below (Mixité, Yutz). Il faut avouer, c'était assez furtif, mais son geste mérite d'être unanimement salué par la communauté du «On S'en Fish». Lors de son battle victorieux contre Alfa en 1/4 de finale musicolofish, b-boy Below (vainqueur de la finale du Sky Dancer Show, à Jouy-aux-Arches, neuf jours plus tôt avec Aniss) a fait preuve d'orignalité... et d'audace. Bandana noir sur le crâne, maillot de Dwayne Wayde (Miami Heats) sur les épaules, il a claqué en mode suicide la posture signature du «fish» pour ponctuer son passage. Trop stylé ! 

  • J'AI MOINS AIMÉ...

La salle qui se vide littéralement après le showcase d'Art in Motion. On rembobine les faits : c'est à 15h50 qu'a commencé le show d'Art in Motion, la relève issue de la belle école de danse créée par Marc Folschette à Mersch. Plusieurs groupes d'enfants et d'ados se succèdent sur scène. Honnêtement, c'est sympa, mignon, l'ambiance est plutôt groovy, studieuse, bon enfant. Jusqu'ici tout va bien. Sauf que... dès la fin de la représentation, c'est pour ainsi dire le drame. Parents et rejetons se dirigent en effet directement vers la sortie et quittent la Grande Salle des Rotondes sans ménagement. Clairement décevant, alors que les choses sérieuses (les quarts et demi-finales du battle «On S'en Fish») allaient à peine débuter... En 2023, ça se passe donc comme ça ? Génération jetable ou Kleenex à ce point-là ? On paie son billet (10 ou 15 euros, c'est selon), on voit ce qu'on a à voir et on se casse ? Navrant. À notre sens, il y a un gros travail d'éducation à mener en amont pour que ça ne se reproduise plus à l'avenir.

- Les décisions disons «discutables» du jury. Sur notamment 3 battles (la 1/2 hip-hop entre Moody et Baloo The Cage, la 1/2 musicolofish ayant opposé The Pat vs Nordine et la 1/2 house entre Fausse Timide et Lazuli), on n'a pas du tout compris le choix du jury. On ne cherche pas ici à polémiquer (car celui-ci est théoriquement neutre, impartial et payé pour émettre un jugement de qualité), mais pour nous, dans ces trois situations, la décision était claire et précise, limpide, et devait pencher de l'autre côté. Question de ressenti, de sensibilité... Moody, Nordine et Lazuli voyaient en tout cas leur chemin s'arrêter là et pouvaient nourrir des regrets. Mais nous revient alors à l'esprit les mots forts et remplis de sagesse de «tonton» Yugson (Wanted Posse/Serial Stepperz, Paris) lors d'un cas similaire durant la précédente édition du battle : «Reviens plus fort !» C'est ça même !

- Le niveau général du battle, globalement décevant, lors de cette édition. Sans vouloir tirer à boulets rouges sur les participants, le gros level de popping affiché par SamSam (Alliance Artistic, Thionville, vainqueur dans la catégorie musicolofish et pour qui la Grande Région est un terrain d'expression trop petit pour son immense talent) est plutôt l'arbre qui cache la forêt. OK, sa finale contre The Pat (Bochum, Allemagne) valait le détour. SamSam l'a détruit, mangé. «C'est la régalade, il m'a régalé !!!», clamait dans la tribune avec un accent marseillais surjoué Aniss Bouguelta (b-boy Aniss, 16 ans, Mixité, Yutz). Mais globalement, selon nous, le niveau a été décevant lors de cette 7e édition. Parfois, on avait beau chercher... mais le danseur était «renfermé», ses «steps» et ses moves «chelous», exécutés sur un rythme monotone. L'ennui nous guettait. On a vu certains spectateurs bâiller. C'est dire ! En house, le niveau était par exemple loin d'être folichon... Quand on pense que l'année dernière la finale de la catégorie avait opposé Daneshiro à Kenshu, on se dit que ça n'avait rien à voir... Pour l'anecdote, durant une pause, on a même aperçu le célèbre Mogwai (Serial Stepperz, Paris, créateur du concept The Som Experience) en train de «chiller» sur le floor. N'aurait-il pas été plus utile avec son «footwork», sa musicalité, son charisme, sa personnalité dans la compétition ? Il est libre de faire ce qu'il veut, de venir de manière «friendly» et quoi qu'il en soit (comme du reste le hip-hopeur luxembourgeois Oussy présent dans la salle) on respecte sa décision. Mais légitimement, on est tout de même en droit de se poser la question. Car la catégorie et par ricochet l'évènement auraient à coup sûr bénéficié d'un plus grand rayonnement.  

- Les deux «blancs» pendant la démo de 2 jurés (Salomon et Ruth Prim). Faute d'inattention, problème technique ou simplement mauvais calage préalable avec les DJ (Zeny et Rémisan) ? Toujours est-il que c'est toujours fâcheux quand ce genre d'incident arrive. Ça «cute» sec entre 2 sons, il n'y a pas de transition et c'est surprenant. Pour le danseur, ce n'est pas évident. Il y a un «blanc», il n'a plus de support musical, il doit meubler, réussir à ne pas se démobiliser. Le sourire gêné de la danseuse, en l'occurrence Ruth Prim, à cet instant était assez éloquent. Tout comme l'agacement de certains spectateurs qui n'ont pas hésité à lever les yeux au ciel en signe de désapprobation. 

- La chaleur dans la salle. Une fournaise, le truc. Il aurait fallu ouvrir les portes pour faire courant d'air plus tôt. Il faisait au moins 30 °C dans la salle et forcément, ça a pu rebuter des gens de rester plus longtemps. Pas pour rien que l'une des juges, Ruth Prim, avait décidé de garder son ventilateur de poche tout le long, dans sa main. Et on en profite encore pour remercier au passage Grande Timide pour son petit coup de brumisateur salvateur !

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Les vainqueurs de l'édition 2023 du battle «On S'en Fish» (OSF) #7 :

1 vs 1 musicolofish : SamSam Benattou (Alliance Artistic, Thionville) bat The Pat (Bochum, Allemagne, vainqueur de l'édition précédente)

1 vs 1 hip-hop : Baloo The Cage (Charleroi, Belgique) bat Instinct (ex-So Flacka, Luxembourg)

1 vs 1 house : Boustesse (Cie Boust, Paris) bat Fausse Timide (Sky Crew, Strasbourg)

Prize money de 300 euros pour le vainqueur de chaque catégorie.

Pour en savoir plus :

- Page Instagram de l'ASBL Knowedge pour adhérer à l'assoce, suivre son actu, etc. Pour info, Knowedge organisera ses portes ouvertes le 15 juillet prochain et un nouveau projet est en train de se monter pour septembre («Young movers») avec le Lucoda. Ça mêlera danse classique, danse contemporaine et hip-hop et c'est à destination des jeunes danseurs de 14 à 30 ans. (Plus d'infos ici)

- Toutes les vidéos du «On S'en Fish 2023» 

- [Battle «On S'en Fish» #6] Quand «tonton» Yugson donne la leçon !

- [Hip-hop] «Championfish» aux Rotondes de Luxembourg : plutôt mignon ce battle «local» (article)

- Battle à Luxembourg : C’était « magni…fish » ! (article) (compte rendu de la 5e édition)

- «Mindless» : un souvenir lumineux (article)

[Battle «On S'en Fish» #7] Une régalade... qui laisse un petit goût doux-amer, les frères !

- Quelques pépites, pour finir, des DJ, Zeny et Rémisan :

- Harrison Blackoldman, «Full Speed» («Bruce Ykanji a fumé ce son au Next Urban Legend (NDLR : célèbre battle à Sevran)», dixit Sadat Sekkoum, activiste de la première heure de la danse hip-hop en Lorraine)

- Tweet feat. Missy Elliott, «Oops (Oh My)»

- Seven Davis Jr - Sunday Morning (Kaytronik Ruff Kut Mix) 

- Rocco, «Tbt3» (Atjazz Remix)

- Wajeed, «Got Me Burnin»

- Lil Wayne (feat. Swizz Beatz), «Uproar»

- Gang Starr, «Royalty»

- A Tribe Called Quest, «Find a Way» 

- Davina, «So Good»

PS : last but not least, une pensée pour Mam (M'hamed Fahhama, Être Humain), dont c'était l'anniversaire pile ce jour-là !

[Battle «On S'en Fish» #7] Une régalade... qui laisse un petit goût doux-amer, les frères !
Partager cet article
Repost0
29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 18:47
Et dire que Philippe Bonneau n'a commencé la marche qu'à l'âge de 40 ans... (Photo : DR)

Et dire que Philippe Bonneau n'a commencé la marche qu'à l'âge de 40 ans... (Photo : DR)

«Un homme qui ne marche pas ne laisse pas de trace.» Cette citation de Wolinski colle parfaitement à la peau de Philippe Bonneau. À 58 ans, le marcheur athlétique de Semécourt, sept fois champion du monde, a fait le court déplacement à la médiathèque La Pléiade de Rombas pour évoquer son incroyable aventure de 2022 («Traversée de la France à la marche») mais aussi pour affirmer haut et fort que «le sport est un mode de vie».

Fatalement, tout a commencé par... un entraînement sur la piste ocre du Fond-Saint-Martin. Avant d'arriver à la médiathèque La Pléiade, Philippe Bonneau a en effet partagé un footing avec des membres du Rombas Athletic Club (RAC). Le temps pour certains de se rendre compte que le Semécourtois – qui s'est lancé dans la marche athlétique en 2006 (et bâti le palmarès que l'on sait : 7 fois champion du monde master, 7 fois champion d'Europe, 18 fois champion de France, record de France du 20 km route, record de France du 30 000 m piste) après avoir pratiqué le triathlon pendant 20 ans – allait plus vite en marchant... qu'eux en courant ! Toujours assez surprenant !

Après la projection d'un petit film de 16 minutes retraçant sa «Traversée de la France à la marche» (7-18 juin 2022), Philippe Bonneau a pris le micro à la suite d'une courte introduction de Fabrice Schmitt (secrétaire du RAC, à l'initiative de sa venue). Pour reparler de ce projet un peu fou, mais qui avait du sens pour lui. Un peu plus tard, il avouera que c'était même presque devenu une quête personnelle, un voyage initiatique. «À l'époque, mon frère (Martial) était touché par le cancer depuis douze ans (NDLR : un autre de ses frères a lui souffert par un cancer aux poumons), souffle-t-il. J'ai mûri l'idée de relier en marchant les quelque 817 km (NDLR : et pas 837 comme annoncé au départ) qui séparent la ville de Semécourt, où je vis, à Azille, là où il habite, pour apporter ma pierre à l'édifice et lever des fonds en faveur de la Ligue contre le cancer.» Sillonner la France durant 12 jours (Pont-à-Mousson, Langres, Lyon, Montélimar, Montpellier, Béziers...) et s'enquiller 72,5 km quotidiennement n'a pas été une sinécure. On vous épargne ici toutes les péripéties (pas seulement climatiques...) qui ont émaillé son périple. Sachez simplement qu'un jour, sa fille et lui ont frôlé la mort dans l'Hérault à cause d'un fou du volant...

Solidarité familiale

Mais fort heureusement, pour surpasser tous ces évènements, Philippe Bonneau, licencié à l'Antony Athlétisme 92, a pu compter sur une équipe de choc, dévouée littéralement corps et âme, composée de plusieurs membres de sa famille : sa fille Victoria (alias «la majorette»), sa femme Sylvie, son fils Thomas, son coach Jean-Luc Wibratte, sa sœur Fabienne (dédicace à Run in Metz), son beau-frère Didier, sans oublier son neveu Adrien. Ce qui le fera répéter à plusieurs reprises durant la soirée : «Pour faire un champion, il faut une équipe de champions !»

À l'écouter, cette solidarité familiale a été le socle de sa réussite. Il a ensuite accepté de dévoiler les contours de l'organisation de son défi : «Chacun avait un rôle bien défini et savait donc parfaitement ce qu'il avait à faire. Tout était pour ainsi dire réglé comme du papier à musique, il n'y avait pas de place à l'improvisation, je suis quelqu'un d'hyper-exigeant. Je me levais chaque matin à 6 h, je commençais à marcher à 7 h, jusqu'à 21 h ou 22 h (soit 14 ou 15 heures par jour), en m'octroyant une heure de pause à midi. Pour mener à bien mon défi, j'ai dû abandonner mes compétitions (nationales, internationales) et effectuer une prépa physique qui a nécessité 6 à 8 mois de travail. Déconstruire tout ce que je savais. Car je devais cette fois être capable d'alterner marche normale et marche athlétique, intégrer différentes postures, la pose du pied, le placement du bassin. Du coup, ça ne sollicitait pas forcément les mêmes muscles. J'avoue, ça, ça m'a fait souffrir, horriblement mal.» Durant ses temps de marche, il ne portait pas de montre (pour oublier la notion du temps), mais en revanche des oreillettes pour être en contact permanent avec le camping-car qui le suivait et qui pouvait répondre quasi instantanément à ses requêtes (ravitaillement en eau, demande que quelqu'un l'accompagne à vélo, etc.).

De g. à d. : Didier Chenet (son beau-frère et préparateur mental), Jean-Luc Wibratte (son coach), Fabienne Chenet (sa sœur, responsable nutrition & coordinatrice), Sylvie Bonneau (son épouse, responsable financement du projet), Victoria Bonneau (sa fille, chargée de communication & soins), Adrien Bonneau (son neveu, réalisateur du long métrage/documentaire de 50' en cours de création), Thomas Bonneau (son fils, soutien mental et affectif). (Photo : DR)

De g. à d. : Didier Chenet (son beau-frère et préparateur mental), Jean-Luc Wibratte (son coach), Fabienne Chenet (sa sœur, responsable nutrition & coordinatrice), Sylvie Bonneau (son épouse, responsable financement du projet), Victoria Bonneau (sa fille, chargée de communication & soins), Adrien Bonneau (son neveu, réalisateur du long métrage/documentaire de 50' en cours de création), Thomas Bonneau (son fils, soutien mental et affectif). (Photo : DR)

«Merci papa»

Sous les combles de la médiathèque, l'aventurier de l'extrême Louis Thiriot (spécialiste des épreuves de grand fond et de 24 heures), venu de sa Meuse chérie, apprécie. Mieux, il s'en délecte et n'en perd pas une miette. Et esquisse même un sourire quand Philippe Bonneau évoque les doigts de fée de sa fille Victoria, qui en plus de la com' était en charge des soins et des massages tous les soirs : «Ma femme m'adore, mais elle ne s'est jamais occupée de moi comme ça ! (il rit)». Physiquement, même s'il a connu deux nuits compliquées avec un mal aux os qu'il l'a contraint à prendre un anti-inflammatoire, il était armé. Mentalement aussi, car avec son préparateur Didier Chenet, il a mis en place une stratégie d'évitement et de pensées positives. «J'étais dans ma bulle. Je n'avais entre guillemets "qu'à marcher". Et je savais aussi pourquoi je le faisais, au clair avec mon objectif, ça aide.» Son arrivée dans le village de son frère, Martial, à Azille, sera ainsi chargée d'émotions. On les voit, tous les deux, être accueillis triomphalement par le maire du village et les habitants de la commune, puis poser avec le chèque en faveur de la Ligue contre le cancer (NDLR : de 7 118 euros, mais au final plus de 9 000 euros ont pu être récoltés) en ayant revêtu un t-shirt où il est floqué «Merci papa» (NDLR : Lucien, décédé d'un cancer en 2019). À ce moment-là, Philippe marque un temps d'arrêt, puis poursuit son récit les yeux rougis et des trémolos dans la voix.

Le sport comme emblème de la santé

«Ce qu'il faut retenir de cette aventure, ce n'est surtout pas la performance – bon, oui, il y en a eu une – mais moi, ce que j'ai envie de retenir, c'est ce que le sport peut générer au-delà de la performance. C'est une philosophie de vie. C'est un vecteur de solidarité et d'entraide. Il peut rassembler les gens pour une cause commune et avoir une incidence sur la santé (NDLR : dans le civil, il est éducateur au centre Alpha-Plappeville)... L'activité physique permet de se sentir bien dans sa tête et dans son corps, de rencontrer des gens, de bien vieillir aussi. Et j'ajouterais que dans la vie, il faut travailler, on n'a jamais rien sans rien. Que ce soit dans le sport ou ailleurs, il faut apprendre aux gens et aux jeunes en particulier la culture de l'effort et du dépassement de soi.»

Pour ce qui est de la suite, Philippe Bonneau semble l'aborder plutôt sereinement : «Aujourd'hui, à 58 ans, j'arrive tout doucement au bout d'un chemin, je le sens. Dans un ou deux ans, je vais devoir déconstruire ce que j'ai construit avec la marche, que je déconditionne tout ça, que j'arrive à lever un peu le pied mais intelligemment, que je ne fasse pas l'année de trop pour que je reste en parallèle le plus en forme. Que tout ce que j'ai fait jusque-là me serve, à ce que je puisse prendre un déambulateur le plus tard possible...»

Ismaël Bouchafra-Hennequin

PS : une grosse pensée pour Guy Amalfitano qui vient tout juste de boucler, vendredi dernier à Pau, son Ultra Run France Tour contre le cancer : 100 marathons en 100 jours en béquilles et sur une jambe.

Pour en savoir plus :

- Athlétisme : la longue marche de Philippe Bonneau contre le cancer (France 3, vidéo)

- Philippe Bonneau marche de Semécourt (Moselle) à Azille (Aude) (écouter le podcast sur Radio France, France Bleu)

- Le projet de Philippe Bonneau expliqué en détail sur Hello Asso (article) 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2023 2 25 /04 /avril /2023 15:50
On dit souvent que l'athlé est une grande famille... Pas vrai ? (Photo : © Facebook/Le Renouveau Yussois)

On dit souvent que l'athlé est une grande famille... Pas vrai ? (Photo : © Facebook/Le Renouveau Yussois)

Au cours d'une soirée «entre amis» teintée de nostalgie organisée par l'Entente Sportive Thionville-Yutz Athlétisme, quatre champions français ayant participé aux Jeux olympiques (Ronald Pognon, Eddy Riva, Emmanuel Romary et Ronald Servius) ont partagé leurs souvenirs marquants. Forcément savoureux et croustillant !

462 jours avant le début des Jeux olympiques à Paris (et 495 avant les Jeux paralympiques), un magnifique colloque organisé par l'ESTY sur le thème «La préparation olympique, la participation et l'après-olympisme» s'est tenu à Yutz, salle Bestien. Quatre athlètes internationaux français ayant participé aux JO sont venus témoigner de leurs parcours respectifs. Et ils en ont profité pour lâcher quelques dossiers... Dans leurs yeux, pas de doute, la flamme de l'athlé est toujours intacte !

Le président de L'ESTY, Frédéric Mazoyer, au micro. (Photo : © Esty Athletisme)

Le président de L'ESTY, Frédéric Mazoyer, au micro. (Photo : © Esty Athletisme)

«C'était open bar !»

«Une fois aux JO d'Athènes (2004), j'arrive dans un autre monde, raconte Ronald Pognon, premier Français à avoir couru le 100 m en moins de 10 secondes. Je débarque dans le village olympique, je vois le plus grand resto du monde, il y a même un McDonald's dedans, c'est dire ! Différentes cuisines sont proposées : africaine, maghrébine, etc. On nous a juste dit : "Faites attention, vous êtes jeunes, n'allez pas sous un paquebot ! (il rigole)". Et je me rappellerai toujours, la première chose qu'on nous a donnée lorsqu'on est arrivés au village, c'est un welcome bag. À l'intérieur, il y avait un genre de badge à l'effigie de Coca-Cola (qui est un des partenaires historiques des JO) et avec, on pouvait se servir à volonté en boissons gazeuses de la firme américaine dans tout le village. C'était open bar et on allait aussi tout le temps manger ! Résultat, en l'espace de 10 jours avant la compétition, tout l'affûtage qu'on avait, on l'avait perdus parce qu'on était jeunes, parce qu'on voulait vivre ces Jeux, cette aventure et cette ambiance incroyables. On a participé à la cérémonie d'ouverture, au défilé qui était très long, très usant, très fatigant. Je me revois encore en train de filmer avec mon caméscope, je vivais un rêve éveillé. Pour ma part, je me suis bien amusé, car c'est là que j'ai rencontré de grands champions tels que Kobe Bryant, (Tim) Duncan, Ronaldinho, Messi qui était alors tout jeune... Je me souviens, on était comme des gamins. J'ai adoré ces premiers Jeux.»

En boîte au côté... de Carl Lewis

«Les Jeux, c'était une expérience fantastique, lance Ronald Servius, sauteur en longueur et triple sauteur au regard espiègle. Au village olympique, on rencontre des stars, des athlètes qu'on regardait à la télé. Certains prennent des photos avec ou leur demandent des autographes (NDLR : Eddy Riva a notamment confié qu'il n'avait pu s'empêcher d'en demander un à Roger Federer). Pour ma part, lors du dernier jour à Sydney (2000), c'est la fête, on va en boîte de nuit avec les copains. Et tout à coup, attablé, je me tourne et qui je vois à ma gauche ? Carl Lewis !!! Là, j'étais un peu bouche bée, je ne savais plus quoi faire... J'avais du mal à réaliser. Typiquement, la magie des Jeux. C'est comme lorsque des milliers de personnes vous encouragent dans un stade, frappent dans leurs mains avant un saut. Ça vous transcende, il y a une ambiance électrique, une atmosphère spéciale, c'est exceptionnel. Je crois que des moments comme ça, on ne le voit et on ne peut le ressentir nulle part ailleurs qu'aux JO !»  

Arron, spécialité chambre flambée

«Des anecdotes, forcément, on en a plein, plein, plein..., jubile le marcheur français Eddy Riva. Par exemple, notre sprinteuse Christine Arron (NDLR : recordman d'Europe du 100 m en 10'73") qui oublie une casserole sur une plaque de cuisson aux JO de Pékin (2008) et qui, revenue de sa balade une heure plus tard, a la surprise de trouver les pompiers dans sa chambre car ça sentait le brûlé et qu'il y avait de la fumée..., ça c'en est une bonne, non ? (Il se marre.) Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que dans le village olympique, ça vit 24 h/24, c'est super bruyant... Il y a un risque de se disperser et donc on peut vraiment s'y perdre ! Je me souviens aussi du jour de mon 50 km marche. J'avais réussi à m'endormir à 1 h (NDLR : son compagnon de chambrée n'était autre que Yohann Diniz, recordman du monde du 50 km marche), je me lève à 4 h, je suis en mode guerrier au petit-déjeuner avec mon Gatosport et mon café... Je m'apprête à aller au combat. Et là, qui je vois déambuler devant moi à cette heure-là ? Des fêtards de nageurs français qui, eux, bien sûr, en avaient terminé avec la compète... La natation étant généralement programmée en 1re semaine de l'olympiade.»

Les innombrables «physios» des Experts !

«À Pékin (2008), pour la finale olympique du handball masculin (Islande-France) avec les Experts, c'était complet, il n'y avait plus de places, explique Eddy Riva. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris notre "accrédit" – "Tu l'as fait ?", lance-t-il hilare à Pognon –, on est montés du village olympique dans le bus des filles du hand (notamment Isabelle Wendling) jusqu'à la salle. Et une fois là-bas, on s'est fait passer pour des physios. "Si, physio, physio !". Du coup, on a pu entrer comme ça... C'était un dimanche, le dernier jour des Jeux, on était tous libérés. Et là, il y avait 2 tribunes remplies par des supporters de l'équipe de France. Une chauffée par Jean-Luc Reichmann, le fameux présentateur, et l'autre par le double médaillé olympique de taekwondo, Pascal Gentil. Ah Pascal, il était vraiment bon !!! (Ronald Pognon éclate de rire)

La sieste salvatrice de Servius

6 août 2000, Nice. Championnats de France. Sixième et dernier essai du concours de saut en longueur. En bout de piste, Ronald Servius se tape énergiquement les joues. Pour l'instant, le sauteur de poche (1,69 m, 65 kg) n'a pas réalisé les minima requis par la FFA et n'est donc pas qualifié pour les JO de Sydney (Australie). La suite appartient désormais à la postérité... «Il y a une chose que pas mal de gens proches de moi savent, c'est que je dors beaucoup, facilement, même dans des situations où... qui ne seraient peut-être pas..., glisse avec malice Ronald Servius. Donc, effectivement, entre le 5e et 6e (essai), je me suis endormi... et c'est le speaker qui m'a réveillé. En dormant, je l'ai entendu appeler mon nom pour dire que le prochain à sauter, c'était moi ! En fait, cette microsieste m'a permis de me ressourcer, de me recanaliser et de me recentrer sur ce dernier essai. Sur le coup, j'explose mon record, puisque je passe de 8,11 m à 8,24 m. Après le saut, en sortant du bac à sable, ma plus grosse crainte, pour valider ma qualification, c'était le vent (dont la vitesse ne doit pas dépasser 2 mètres par seconde). J'étais dans la fourchette et ensuite, eh ben c'est l'explosion de joie !»

Ronald Pognon, Eddy Riva et Frédéric Mazoyer. (Photo : © Esty Athletisme)

Ronald Pognon, Eddy Riva et Frédéric Mazoyer. (Photo : © Esty Athletisme)

La petite phrase de Krumbholz

Qu'est-ce qui change dans la vie des athlètes quand on a fait les Jeux ? «Ben "Manu" (NDLR : Emmanuel Romary) l'a très bien dit, souligne Eddy Riva, on ne serait pas là, devant vous, ce soir. Et il y a une autre personne qui l'a très bien décrit et je vais reprendre ses paroles, c'est Olivier Krumbholz (NDLR : l'historique sélectionneur de l'équipe de France féminine de handball), il est de Longeville-lès-Metz, ce n'est pas loin d'ici... Je me rappelle très bien. On est assis sur un banc, au village olympique, à Athènes, et il me dit : "Ah, Eddy, t'es originaire de près de Thionville, c'est ça ? Ce sont tes premiers Jeux ? Eh ben, sache que dans le regard des gens, quelqu'un qui fait les JO, c'est synonyme de réussite sociale. Je n'ai pas mesuré ce point-là quand il m'avait dit ça. Et c'est vrai que lorsqu'on fait les Jeux, au regard des gens, on a réussi notre vie...» 

«Ce qui se passe aux Jeux olympiques...»

«La fin de la compétition, c'est aussi la fin de la fête. Les Jeux olympiques, il ne faut pas oublier que c'est une fête ! On s'est tous éclatés, mais ce qui s'est passé aux Jeux olympiques... reste aux Jeux olympiques !», conclut Ronald Servius dans un clin d'œil plus ou moins dissimulé à Very Bad Trip.

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Pour en savoir plus : 

- BPCE L'Observatoire : étude 2023 sur l'économie du sport (article)

- La publication Facebook de remerciements de l'ESTY à la suite du colloque (lien)

- Quelques photos de la 33e édition du meeting inter-frontières de Yutz (lien 1) (lien 2)

[Athlé/JO] Les anecdotes savoureuses de Pognon, Riva, Romary et Servius 
Partager cet article
Repost0
3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 14:24
Talange Hip-Hop Contest #2 : le «j'aime» / «j'aime pas» d'Isma

De l'énergie, des moves, du groove, du flow, des bonnes vibes... En toute subjectivité, à la suite de ce Talange Hip-Hop Contest 2e édition qui a accueilli plus de 160 danseurs (venus de la Grande Région, de Belgique et du Luxembourg), on vous fait part de nos impressions.

«OK, OK, OK. Talange Hip-Hop Contest 2e édition, c'est parti ! Public, est-ce que vous êtes lààààà ?» - «Ouaiiis !» - «Ouah, c'est un public de fatigués, ça ! Je vous préviens, il va falloir vous réveiller, car vous n'êtes pas prêts pour ce que vous allez voir !» Toge Adidas bleue et jaune siglée du numéro 75 sur les épaules, Sadat Sekkoum, le speaker de l'event, plante d'emblée le décor.

«La première édition du Talange Hip-Hop Contest (NDLR : en mai 2022) a été un véritable succès. Celle-ci s'annonce, vu notamment le nombre de spectateurs présents (NDLR : 400), géante et "bordélique" !», lance tout sourire Rachel Zirovnik, vice-présidente du Conseil départemental de la Moselle déléguée à la Jeunesse. L'indémodable Everyday People d'Arrested Development résonne dans les boomers, ce qui nous laisse penser qu'on va passer une bonne soirée.

  • J'AI AIMÉ

- Le moment «Nutella» : la démo de SamSam (juge 1 vs 1 all style)

En entrant dans le gymnase Maurice-Baquet, on l'a tout de suite remarqué assis sur sa chaise de juge avec sa veste brune et son écharpe blanche autour du cou. Ce côté classe, élégant, il doit à coup sûr le tenir en partie de son «robotique» beau-père Habib (Alliance Artistic, Thionville), toujours vêtu d'un smoking impeccable, d'un chapeau et de chaussures à la Michael Jackson. Ce dernier avait, avec Jean-Marc (Tomblaine City Breakers, TCB), en tout début de soirée (20 h 35), fait monter la température du public avec un instant popping bien huilé (5 minutes). Plus de trois heures plus tard, à minuit passé, SamSam est venu claquer sa démo. Et quelle démo ! On en a pris plein les yeux ! Sa manière de contracter ses muscles sur le son est vraiment mortelle. Assurément, une des plus belles étoiles hip-hop de notre région et l'un des meilleurs poppeurs d'Europe.

- Le coup de cœur : Eyes Cold (HDMI CrewDijon)

Perso, on ne la connaissait pas, donc on a appris à la découvrir. Ou plutôt son art. Son nom ? Eyes Cold (HDMI Crew, Dijon) ! Elle nous a régalés avec son popping bien senti, ses bonnes vibes. D'abord lors des qualifs «all style» (1 vs 1), puis en quart de finale contre le fantasque «guest» luxembourgeois El Hueco. Derrière sa gueule d'ange se cache en réalité une bête à sang-froid, limite une tueuse à gage... au regard glaçant. Capable de vous refroidir puis de vous anéantir même sur Happy de Pharell Williams, c'est dire ! À plusieurs reprises, lors de ses «moves» robotiques, on a vu l'un des juges, SamSam (Alliance Artistic), a priori «valider» via un sourire complice ce qu'elle faisait. Eyes Cold verra son parcours s'arrêter en demie contre l'expérimenté Ssimka (Les Alchimistes, Nancy), tenant du titre du «THC» et futur vainqueur d'une belle finale contre Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau). Pas de regrets à avoir, donc, ce coup-ci, pour la miss qui sera à suivre de près à l'avenir. 

- La progression : Lion (Footzbeul, Reims)

Couvé par ses «grands frères» Ismaël et Baghdad (Footzbeul/Studio 511, Reims), Lion (Mattéo Lecomte), muni de sa belle crinière blonde, poursuit sa progression. On a noté désormais beaucoup plus d'amplitude et de propreté dans ses mouvements. Sa sélection pour intégrer le pôle espoirs de breakdance en vue des JO de Paris 2024 n'y est sans doute pas étrangère... Stoppé avec son compère Matwo en quarts de finale du 2 vs 2 break, il sera battu lors de la finale kids par le Belge Spinx (LCB). Pour autant, la relève Footzbeul semble assurée...

- Le coup de gueule sur les poules mouillées... à fumer !

Dans un battle, il y a toujours un round d'observation, une part d'intox avant que l'un des deux danseurs (ou crews) ne se décide de se lancer en premier dans l'arène. Encore plus lorsqu'il n'y a qu'un seul passage de 30 secondes ou que les choses deviennent sérieuses, bref qu'on avance dans la compétition. Mais au THC, il n'y avait pas de stylo, pas de bouteille pour déterminer qui allait commencer. Ça se regardait un peu trop avant le dernier 8e de finale de break... Sadat a alors dégoupillé, balancé son porte-bloc au sol et poussé un gros coup de gueule sur les poules mouillées : «Si vous êtes sûrs de vos passages, n'attendez pas, allez-y, fumez-les ! On est déjà grave en retard et demain matin en plus, vous savez, y a la messe...» Même sentence un peu plus tard en all style pour le «guest» Lil Toons, finaliste de la 1re édition, rappelé à l'ordre et invité à débuter face à l'expérimenté Ssimka (Les Alchimistes, Nancy). 

- Sarah Bidaw remplacée au pied levé par Nouna

À cause d'un petit souci personnel, Sarah Bidaw a dû écourter en milieu de soirée son passage en Moselle. Juste avant de partir, avec ses bouclettes et sa doudoune blanche, la queen de la house dance est venue saluer chaleureusement Nouna (Yvonnette Hoareau) qui était assise au premier rang... et qui allait - elle ne le savait pas encore la remplacer comme juge all style  (1 vs 1). Il faut dire que Nouna avait le background, le CV, la street credibility pour. Elle n'est autre que la femme de Lokos (Sébastien Vela Lopez, juge 1 vs 1 break du THC), tous deux pionniers de la danse hip-hop à Strasbourg... et la mère de b-girl Zouza - vainqueure de la 1re édition du THC (2 vs 2 break confirmé) avec Thug - et qu'on a entendu se plaindre contre les juges après avoir été sortie cette année en 8es de finale par Hamza et Malekinho (HDMI Team, Dijon). Avec Lokos, Nouna a fait partie de l'aventure Magic Electro débutée en 1995, puis ils ont décidé plus tard en 2007 de créer la Compagnie Mira, et plus récemment (depuis 2020) d'aider à faire émerger les jeunes danseurs via le projet Facccrew (Fabrique artistique culturelle et citoyenne), toujours dans le 67. Et les années qui passent n'ont pas altéré leur passion de la danse... Franchement, c'est beau !

- Le «call out» plus ou moins arrangé  

Quelques minutes plus tôt, le speaker avait déploré qu'aucun danseur n'avait été «chercher» les juges lors de cette 2e édition du THC. 23 h 45. Kenzo (Génération Z) saisit la perche... euh le micro que lui tend Sadat pour contester la décision des juges. «Je ne suis pas d'accord avec leur décision...», se contente-t-il de dire. En effet, les frères Winterstein (Joitte crew) ont été éliminés en quarts de finale par les futurs vainqueurs belges du 2 vs 2 break confirmé (Saïdon et Tetris, LCB, Awkward Scientists). Les spectateurs se mettent alors en cercle, ça crée tout de suite une atmosphère particulière, il y a de l'électricité dans l'air. La tension monte, ça va régler ses comptes. Par le biais de la danse. Kenzo, son frangin Maiky et le local Below (qui s'est tapé l'incruste pour le kif) font face aux 3 juges (Ismaël, Julee One - futur juge aux JO de Paris - et Filco). Même s'il y a toujours dans pareille situation la volonté de montrer ses muscles, ce qu'on sait faire, de prouver que l'on est meilleur que l'autre, ce «call out» plus ou moins arrangé s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. Rien à voir, par exemple, avec le «chanmé» Funky Belgian'Z vs Premier Avertissement qui avait eu lieu aux Rotondes de Luxembourg (2018)...

- Les galettes des DJ, Cali et Fonkmaz

Double E, «Street Fighter Riddim» 

Artful Dodger, «Re-Rewind» (feat. Craig David)

MFSB, «Family Affair»

Soopasoul, «If It Ain't Funky Back It Up, Pt. 1»

Ray Foxx, «Universal Translator»

Bell Biv Devoe, «Poison»

James Brown, «Super Bad» (Parts 1 and 2)

Kenilworth Katrina, «More Fire»

Technotronic, «Pump up the Jam»

Beyoncé, «Break My Soul»

Heavy D and The Boyz, «Now That We Found Love»

  • J'AI MOINS AIMÉ...

- La qualité de la sono

C'est l'une des premières choses que l'on a malheureusement remarquées en arrivant dans le gymnase Maurice-Baquet. La sono saturait rapidement, donc ça gâchait un peu le plaisir d'écouter les galettes balancées par les deux DJ, Cali et Fonkmaz. Et il fallait, par moments, vraiment tendre l'oreille pour comprendre ce que disait au micro le speaker pourtant plein de bonne volonté, Sadat, au cours de la soirée.

- Gare à l'indigestion de break

Certains diront qu'on pinaille. Mais durant la phase finale, l'enchaînement des 8es, des quarts, puis des demies des battles (2 vs 2 break confirmé) nous a paru long (14 battles de break d'affilée en près de 1 h 15). OK, c'est facile à dire mais entre les tours, il aurait peut-être été bon de «couper», d'alterner un peu avec les kids (1 vs 1, -16 ans) ou le all style (1 vs 1) pour casser la monotonie qui commençait lentement à s'installer. 

- Café, pistaches... et puis quoi encore !

Peu avant 21 h, lors du 1er battle des 8es de break, un b-boy s'est pointé tranquillement avec son café dans la main... et l'a posé sur la table des DJ. Durant son passage, il a même semé des pistaches sur le floor. OK, ça prête à sourire... Un peu de fun, de légèreté, de folklore, c'est bien. Mais un minimum de sérieux, parfois ça n'est pas mal non plus ! L'univers des battles, ce n'est pas le monde merveilleux des Bisounours ou des Télétubbies. Même si c'est peaceful, on est clairement là pour se rentrer dedans ! 

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Les vainqueurs de l'édition 2023 du Talange Hip-Hop Contest (THC) :

2 vs 2 break confirmé : Saïdon et Tetris (LCB, Awkward Scientists) battent Dacos et Narko (OPB, Prizon Break Rockerz, Belgique)

1 vs 1 all style : Ssimka (Les Alchimistes, Nancy) bat Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau) 

1 vs 1 kids (- de 16 ans) : Spinx (LCB, Belgique) bat Lion (Footzbeul, Reims)

Pour en savoir plus :

- Vidéo du Talange Hip-Hop Contest (THC) #2

- L'album photo de Gaelle Robert

- L'album photo de Chouka Fresstyleur (Nicolas Riviere)

- La page Facebook de l'event

- Talange Hip-Hop contest : cœur sur vous ! (article)

Talange Hip-Hop Contest #2 : le «j'aime» / «j'aime pas» d'Isma
Partager cet article
Repost0
18 novembre 2022 5 18 /11 /novembre /2022 23:19
Lilia Malaja et Me Michel Pautot. (Photo : DR)

Lilia Malaja et Me Michel Pautot. (Photo : DR)

Maître Michel Pautot, avocat au barreau de Marseille, a publié à l'automne sa 20e étude Légisport «Sport et Nationalités», intitulée «La lune de miel de la mondialisation du sport continue...», qui offre un tour d'horizon complet de l'année sportive 2022.

Le 30 décembre prochain, nous fêterons les 20 ans de l'arrêt Malaja (30 décembre 2002)... Michel Pautot et son père Serge, tous deux avocats au barreau de Marseille, en reparlent toujours aujourd'hui avec un brin de fierté dans la voix.

Et pour cause : à l'époque, Mes Pautot avaient défendu les intérêts de cette basketteuse polonaise (Lilia Malaja, aujourd'hui coach au Polisportiva Giuseppe Rescifina à Messine), interdite de jeu en France, et avaient obtenu pour leur cliente la reconnaissance du principe de libre circulation en Europe et de non-discrimination en raison de la nationalité.

Bref, pour faire simple, Malaja a étendu l'application de l'arrêt Bosman (1995). Autrement dit, cet arrêt Malaja* a repoussé encore plus les frontières du sport européen en brisant la pratique des «quotas». «Les lignes "Maginot" du sport ont explosé !», écrit ainsi Michel Pautot.

Grand amateur de boxe, ce dernier analyse même cela comme «la victoire par K-O. de la mondialisation sur le protectionnisme avec l'appui du droit communautaire !».

Telle mère, telle fille !

Sans surprise, dans la cuvée 2022 de son étude**, le sport roi, le football, occupe «le zénith de cette lune de miel» qui, précise-t-il, «n'est pas encore achevée». En clair, cette révolution est tout simplement en marche...

La preuve, la fille de Lilia Malaja, Anna Rescifina (19 ans), internationale italienne chez les jeunes (en U16 en 2019), joue actuellement au basket dans le championnat universitaire américain sous les couleurs des American Eagles ! 

I. B-H.  

* L'arrêt Malaja a été confirmé ultérieurement par la Cour de justice des communautés européennes dans 3 arrêts successifs : Kolpak (2003), Simutenkov (2005) et Kahveci (2008).

** L'étude «Sport et Nationalités» passe globalement en revue le football, le rugby, le cyclisme (Tour de France), le handball et le volley.

Partager cet article
Repost0